Après un repos à Cafayate, on reprend la route 40, le long des vignes. Les perroquets vert et bleu remplacent les sombres corbeaux au dévorage des raisins et s’envolent à notre passage dans une cacophonie incroyable. Après une vingtaine de kilomètre, on quitte la douceur de l’asphalte pour le ripio, sableux maintenant. La végétation est toujours aussi agressive et vient faire un nouveau trou dans un de nos pneus…
Petite pause a San Carlos pour acheter de la feuille de coca, à priori bon remède contre le mal des montagnes. Le décor change complètement, on quitte la plaine et les montagnes d’ocre rouge pour un paysage lunaire, de hautes lames de sable compact, blanches, taillées en sculptures abstraites par la pluie et le vent. Rien ne semble vivre là à part quelques cactus et les condors, grandes ombres décharnées qui règnent sur ce monde où rien ne bouge. Quelques maisons d’adobe, les piments sèchent au soleil et parfument l’air de leur odeur chaude et rouge. On rejoint une vallée plus verte, qui sépare les lames de sable des montagnes enneigées vers lesquelles on se dirige. Le paysage se fait plus sec comme on monte en altitude, on retrouve les grands cactus en remontant la vallée jusqu’à rejoindre la Poma, petite ville perché à 3000m. Les sommets enneigés, culminants à 6000m, sont tous près maintenant, et entourent l’Abra del Acay, col qui nous attend à 4900m d’altitude.
La route 40, qui quand on l’a rejoint il y a quelques mois ressemblait à une grosse nationale avec trafic de camions, n’est désormais plus qu’une petite piste sinueuse, raide, sableuse, sur laquelle deux voitures ont à peine de quoi se croiser, il n’y a plus de pont pour enjamber les rio, nous obligeant plusieurs fois à nous mouiller pour les traverser, ça rafraîchit!
On se retrouve bientôt à des altitudes où en savoyards on a l’habitude de ne plus croiser que des alpinistes tout équipés et où içi on croise des adolescentes en scooter, casque et cartable roses à la main; nous, on commence à souffler comme les alpinistes tout équipés, et les coups de pédales se font plus durs. La dernière maison habitée, une « bergerie » de lamas, est à près de 4000m…
Il nous faudra encore deux jours pour atteindre le col, avec un bivouac près de la dernière maison, et un autre vers 4700m; le froid ne nous aide pas à sortir tôt des duvets et le vent violent semble décidé à nous empêcher de passer le col, entre les rafales qui nous poussent en arrière et le sable qui nous aveugle. Le bivouac juste sous le col n’est pas tellement confortable, impossible de se faire à manger à cause du vent et chaque rafale rempli un peu plus la tente de sable; une nuit difficile en perspective… Surprise au matin, la neige s’est un peu invitée pendant la nuit, toute nos bouteilles d’eau sont gelées, et ça caille grave !!! Bref, on prend du temps pour décoller, et encore plus pour monter les quelques 250m restants, mais on y arrive!
On ne souffre étonnament pas trop de l’altitude, Madeleine a tout de même maché quelques feuilles de coca pendant la montée, histoire de faire passer le mal de tête.
Maintenant qu’on y est, on monte sur une butte à coté du col pour passer les 5000m, belle récompense après ces journées de montée.
La route se déroule comme un ruban de chaque côté du col, les sommets nous narguent encore plus haut, et en direction de San Antonio de Los Cobres, la plaine s’étend, immense, à perte de vue; de l’autre côté de la plaine, de nouvelles montagnes, encore plus hautes… l’air est incroyablement limpide, la vue, irréelle.
A cette altitude, il ne reste plus grand-chose; les cactus ont abandonné depuis longtemps, seules quelques herbes jaunâtres poussent courageusement au milieu des cailloux. Le vent soufle fort et emporte tout ce qui n’est pas bien accroché, et renforce le côté aérien du paysage.
Il nous reste 40km de descente jusqu’à San Antonio de Los Cobres, l’autre récompense; mais toujours ce vent, ne nous épargnant rien, rendra les dernier kilomètres beaucoup plus durs que prévu. On atteint enfin la ville au soleil couchant, ou l’on va se reposer une journée avant de repartir vers le Paso Sico et le Chili.
quel plaisir de vous lire….c’est bien ecrit et cela nous permet de vous imaginer loin là-bas dans ces paysages grandioses
regalez vous bien! cela donne envie de vous retrouver très vite . Bisous
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Vous aurez bien mérité une étape au bord de la mer assis dans un transat à dorer au soleil !
Bonne route en attendant. Christophe.
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Wahou! Comme e bello!!!! Bisous.
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