Bonus #2 : Rencontres

Petit bonus pour Stitchouille: comment sont les gens qu’on croise?

En Patagonie tout d’abord, on est que très peu dépaysés. Les gens ont une vie proche de celle que l’on connait en Europe, avec ses caractéristiques locales. Bien sur il y a des gens sympa, d’autre moins, mais peu de curiosité : ils ont l’habitude de voir des touristes, et avec une forte immigration passée d’allemands et d’italiens on détonne peu avec nos yeux et cheveux clairs. Quand on monte au nord de l’Argentine, c’est un peu pareil, mais de plus en plus désordonné, comme les scooters et motos avec 3 voir 4 personnes dessus, savamment équilibrées et non casquées, à toute allure sur les routes… Pendant la traversé du Paso Sico, loin de la Patagonie plutôt aisée, on a pu rencontrer les habitants de villages reculés. Leur vie, loin des grandes villes, est beaucoup plus rustique, pas de chauffage, un aller-retour par mois dans la ville voisine, à plusieurs heures de route, pour se procurer ce dont ils ont besoin. L’environnement est dur, hostile parfois, et ceux qu’on a croisés ont toujours été très accueillants; peut être se rendent-ils compte que, en tant que cyclovoyageur, on est tout le temps soumis à ces conditions, et nous offrent volontiers leur aide, leur hospitalité ou juste un sourire. Moins habitués au passage des touristes, on intrigue plus qu’en Patagonie.

Et puis, la Bolivie. Quelques mots nous viennent à l’esprit quand on essaye de décrire nos impressions : dépaysement, nonchalance, bazar, couleurs. Les habitants de l’altiplano vivent de peu, avec peu. Dans les villages isolés, il n’y a pas d’eau potable, ni courante, dans les maisons, juste un robinet dans la cour devant chaque maison, dont l’eau gèle chaque nuit malgré les lainages qui entourent le conduit. La vaisselle et la cuisine se font dehors la plupart du temps, le gaz est rare et cher et beaucoup cuisinent dehors sur un feu de bois, brûlant racines et branches des quelques buissons qui arrivent à pousser. Pas de sanitaires, pas de chauffage, pas de frigo, mais le climat aide à conserver et le soleil sert à faire sécher la viande des lamas qui ne sont pas là que pour la laine. Dans de nombreux villages isolés, on ne trouve pas d’épicerie et le lama et le riz sont la base de la nourriture. On a eu la chance de dormir chez deux vieillards, après Sabaya, dans un endroit où personne ne vient jamais, à part leur enfants partis vivre en ville, qui leur apportent à manger. Ils vivent dans une petite maison d’adobe, dans une pièce de 20m², meublée de deux lits, une petite cuisinière, une petite table et un poste de télévision pour regarder les paroles enflammées de prédicateurs, les murs décorés d’anciens calendriers et la porte qui ouvre sur la pampa où vagabonde leur troupeau de lamas et d’alpagas. Source de viande et de revenus, la laine est vendue chaque année au Pérou où elle est transformée en jolis pulls bien chauds.
Dans les zones éloignées des grandes villes et des coins touristiques, les gens n’ont pas trop l’habitude de voir des étrangers; les enfants crient « Touristas! Touristas! » en nous voyant arriver et nous posent mille questions, sans toujours comprendre d’où on vient car beaucoup ne savent pas où est la France, des fois même où est l’Europe. Les plus âgés sont aussi curieux mais contiennent leur curiosité jusqu’à ce que les enfants aient fini de nous faire traduire les prénoms de tous les habitants du village. Souvent très gentils et très accueillants, on nous a souvent offert l’hospitalité, que ce soit dans une maison, dans une salle communale ou dans une église. Plutôt bavards, on en apprend pas mal sur eux et sur leur vie, certains n’ont jamais quitter le village ou ils sont nés et connaissent leur pays par cœur.

Les villes sont pleines de couleurs, et détonnent avec les villes européennes « au carré » où chaque chose est contrôlée: bazar organisé, tout se mélange, routes et trottoirs, étalages et parkings, et il faut se frayer un passage au milieu de tout ça. Tout se vend à même la rue, les fruits et les légumes éclatants de couleurs au soleil, la viande, les poissons, et les fromages, moins éclatants mais au soleil quand même… on se demande après pourquoi on est malades! Les villes sont bien vivantes, les gens sortent profiter de la chaleur du soleil et discuter, les jeunes dansent dans la rue, il y a toujours de la musique, des couleurs sur les fresques des murs, dans les vêtements des femmes : la plupart des Boliviennes portent la tenue imposée par les Espagnols lorsqu’ils ont débarqué en Bolivie. Une jupe plissée, aux couleurs éclatantes, par dessus de nombreux jupons, qui leur font des hanches énormes, un gros collant de laine et des chaussettes qui leur remontent jusqu’aux genoux, avec des sandales genre sandales de plage en plastique. De nombreuses couches de pulls et gilets, parfois un grand tablier à fleurs, un grand châle sur les épaules, deux longues tresses reliées au bout par un pompon de laine ou de perles, et toujours un chapeau : soit un petit chapeau tout rond, comme un chapeau melon, posé délicatement en équilibre sur le haut de la tête, soit un chapeau à grands bords plats pour se protéger du soleil. Un tissu rayé aux couleurs vives en guise de sac à dos ou de porte-bébé noué en travers des épaules, et souvent un tricot dans les mains dont la régularité témoigne de nombreuses heures passées à triturer la laine.

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