San Pedro de Atacama, une semaine de repos et d’attente, pendant laquelle on a pu apprécier les fruits et les légumes qui nous ont manqués pendant ces derniers jours, une petite excursion à la Vallée de la Lune, où le sable côtoie le sel et les talus ressemblent au front d’un glacier noir, le sel compact à l’aspect de glace mêlé de sable, aucune végétation, un paysage minéral, splendide au coucher du soleil. La ville est plutôt jolie, très touristique, avec un contraste bien marqué entre la partie où les gens vivent et la partie touristique, toute propre et pleine d’agences de voyage et de magasins de souvenirs. Avec la pluie, les rues se sont remplies d’une boue rouge et collante, les murs fait de terre et de paille dégoulinent en traînée ocres sur les crépis blancs, la ville ressemble à une glace qui fond. L’église est surprenante, la charpente particulièrement, toute en planches de bois de cactus, léger et ajouré, liées les unes aux autres par des lanières de cuir de lama, encore poilu. La pluie n’a malheureusement pas fait naître les roses de l’Atacama, mais les sommets autour se sont couverts de neige, puis le beau temps est revenu, nous remplissant d’espoir pour la suite : la frontière pour la Bolivie en passant par le Sud Lipez à ouvert, fermé, rouvert, refermé et semble le rester, on entend parler d’entre 40cm et 3m de neige, en tous cas pas d’amélioration. Le Sud Lipez est une région désertique de volcans, de lacs de toutes les couleurs, de flamands roses, de sable, de vent et de froid située tout au sud de la Bolivie, réputée magnifique, que l’on espérait traverser du sud au nord à partir de San Pedro de Atacama.
On se résout finalement à partir en direction de Calama, grosse ville minière à 100km a l’ouest, et à rejoindre la Bolivie plus au nord par le village d’Ollagüe. On quitte San Pedro sous un ciel d’un bleu parfait, avec les volcans enneigées tout autour, le Licancabur et les autres qui marquent la frontière avec la Bolivie. Calama n’est pas une ville très acceuillante, tout est barricadé, les maisons ressemblent à des prisons de haute sécurité et l’ambiance nous met mal à l’aise, avec un fort sentiment d’insécurité. Le temps de faire des provisions de beurre de cacahuéte, nouilles chinoises et autres merveilles gastronomiques introuvables dans les petites épiceries que l’on rencontre sur la route et puis on file vers la frontière bolivienne, 200km plus au nord. On remonte doucement dans les hauteurs, profitant au passage de la gentillesse des chiliens, qui nous acceuillent le soir, alors que le froid fait son retour. Après une nuit à profiter de la tranquillité des environs d’un cimétière, on nous invite dans la partie non habitée d’un logement de fonction, bien à l’abri, avec une bonne douche bien chaude à Estacion San Pedro, puis c’est dans un ancien wagon de train qu’on trouvera un abri à Ascotan, et une sorte d’aire de jeux quatre étoile, couverte, avec tobogans et trampoline, à Ollagüe. Les volcans se dressent majestueusement de part et d’autre de la route, la roche a des couleurs étonnantes et crée des marbrures dans le paysage, les lagunes et salars se succèdent maintenant, le vent nous pousse et nous donne des ailes jusqu’au début du salar d’Ascotan puis tourne brutalement et nous oblige à lutter jusqu’au salar de Carcote, on fini par planter la tente dans le sable blanc au pied du volcan Ollagüe qui fume – mais que disaient déjà nos cours de géologie sur les volcans andins?
La frontière est juste après le petit village d’Ollagüe, et ces quelques kilomètres qui séparent les 2 postes de frontière sont une vrai barrière culturelle, on change totalement d’ambiance; à la minutie des douaniers chiliens, avec ticket émis à l’entrée à remettre à la sortie, enregistrement des vélos et inspection des sacoches à la recherche de produits frais, s’oppose un douanier bolivien expéditif et mal luné – c’est l’heure du repas aussi. On bifurque juste après la frontière en direction du Sud Lipez; n’ayant pas pu traverser cette région, on espère quand même pouvoir y faire une boucle, malgrè ce qu’on nous a dit des conditions, ce serait dommage d’être arrivés jusque là et d’avoir passé autant de temps à attendre que les routes venant du sud ouvrent sans tenter d’aller voir par le nord. La route qui continue de monter doucement nous amène jusqu’à un kiosco, une petite maison d’une pièce où les touristes des nombreux tours viennent pour manger ou acheter des sucreries et où vit une petite famille; notre premier contact avec des Boliviens, qui au vu de la neige et du vent nous proposent de dormir dans l’hotel qu’ils sont en train de constuire. Des murs et un toit, c’est comme un hotel 4 étoiles pour nous.
On passe la soirée avec eux, impressionnés par les deux enfants de 4 et 5 ans qui courent partout, pleins d’energie à 4200m et avec des température largement négatives. Même à l’intérieur de la maison, non chauffée – on découvrira ensuite que c’est la norme – la température peine à dépasser les 10°C. On découvre la gentillesse de ceux qui n’ont pas grand-chose, on partage leur repas fait de pain maison, avec du beurre, un peu de fromage et de paté, accompagnés d’un délicieux maté à l’anis et de café. La tempète se lève pendant la nuit, au matin ils nous dissuadent de partir et c’est reconnaissants qu’on reste une nuit de plus dans l’hotel en construction. Avec des rafales à plus de 100km/h, un brouillard épais et la neige qui tombe, c’est vrai que repartir n’est pas vraiment une bonne idée. On passe la journée avec eux, les taches séparées entre les hommes et les femmes: Jerem va donner un coup de main à mettre des pierres sur le toit de la maison pour l’empecher de s’envoler. Faire des aller/retour sur une échelle, dans le vent et le froid, en portant les pierres, est une expérience intéressante, surtout à cette altitude… Heureusement qu’on est un minimum acclimaté. Mission de remplissage des cuves d’eau aussi, 2km de tracteur pour rejoindre un lac, bataille avec la pompe pour arriver à l’amorcer en plein vent et par des froids polaires, attente accroupis derrière la remorque pour se protéger un peu du vent pendant que les cuves se remplissent… Mad reste dans la maison avec les femmes, à écosser des petits pois pour la soupe avec la mère et la grand-mère qui tricote, tout en chiquant de la coca. Les gens se font de grosses boules qu’ils gardent dans les joues et qui leur déforment le visage, les feuilles de coca sont entre autres connues pour leurs propiétés stimulantes et pour combattre le mal des montagnes.
On mange la soupe de lama avec eux, Jerem se régale. Une question nous occupe un peu l’esprit, où va dormir la grand mère ??? Et bien, dans une pièce de l’hotel, à coté de la notre, sur un matelas posé à même le béton et avec quelques couvertures… Mais sans gros sac de couchage! Nos thermomètres indiquent quand même -5°C pendant la nuit, heureusement que le froid conserve 🙂
On se reveille avec le soleil, on se remet alors en route en direction de la Laguna Hedionda. Il fait encore froid, mais avec la neige, les paysages déjà incroyables sont sublimés. Bien emmitoufflés dans tous nos vêtements, on roule tranquillement vers la Lagune. On croise un bon nombre de 4×4, pas toujours sympa… Certains s’arrêtent pour discuter, nous proposer de l’eau ou même des friandises, mais d’autres se contentent de ralentir pour que les touristes aient le temps de nous prendre en photo, comme des animaux de cirque… sauf que les singes ont aussi un appareil photo et n’hésitent pas à le sortir pour faire comprendre dans l’hilarité générale leur grossièreté aux malotrus, qui pourraient au moins dire bonjour!
On longe une premmière lagune, la laguna Cañapa, touche de bleu-gris glacial au milieu du gris-blanc des montagnes, où les flamands roses se baignent les pieds tranquillement, puis on atteind la laguna Hedionda, ou laguna Los Flamingos, où une centaine de flamants roses semblent mener une danse étrange, avancant en rang serré, le bec fièrement tendu vers le ciel, tournant à angles aigus au gré des meneurs, en piaillant… ballet de pattes raides, étrange parade…
Un hôtel est installé au bord du lac, on nous laisse gentiment nous installer dans la salle hors-sac pour la nuit, bien fraiche encore mais à l’abri. Le lendemain on prend un gros petit dej à l’hôtel, avec le luxe de finir les restes des touristes, malades à cause de l’altitude. Hé hé, nous on est acclimatés et on peu se goinffrer! C’est avec le ventre bien rempli qu’on repart plus loin dans le sud Lipez en direction de la laguna Colorada; on verra bien jusqu’où on va… On longe trois autres lacs, ceux-ci dépourvus de flamants roses, mais un renard bien interressé s’approche de nous. La route est bien enneigée, ça devient difficile de continuer avec les vélos. On plante la tente 20km plus loin, pour notre nuit la plus froide. -12°C dans la tente. Madeleine choisi cette nuit là pour être malade… Bienvenue dans le Sud Lipez! Difficile de récupérer, on attaque le lendemain pas au top de notre forme. Peut être une combinaison du froid et de l’altitude, et avec les conditions difficiles pour rouler – enfin, on pousse plus qu’on roule : la neige gelée de la veille était presque plus facile à rouler que le sable dans lequel on ne contrôle pas trop les vélos, mais la neige ayant pris le soleil et fondue par endroits, par dessus le sable, c’est quelque chose… – on décide de faire demi-tour pour repartir vers le nord en direction d’Uyuni. Retour au bord de la lagune des flamants roses, puis on prend une autre route pour faire une petite boucle pour rejoindre le village d’Alota. La route est plutôt bien déneigée et nous permet de découvrir un peu plus de ces paysages magnifiques, de nouveaux volcans, d’autres lagunes, un ancien hôtel abandonné où les carcasses des voitures sont protégées par une inscription « ne pas voler ». Soit.
On rejoint la route principale qui traverse les grande plaines de l’altiplano et la Valle de las Rocas, qui comme son nom l’indique, est peuplée de gros blocs de pierre, à perte de vue, délicatement sculptés par le vent, dentelle de roche où l’on pourrait se promenner pendant des heures en contemplant les merveilles de l’érosion, et qui démange un peu nos doigts gelés de grimpeurs. Faute de pouvoir y grimper on y installe notre tente, bien à l’abri du vent.
La douche bien chaude à Alota est un bonheur, 11 jours depuis la dernière… sans quitter les vetements que l’on porte à cause du froid, on en avait bien besoin.
Il nous faudra encore 2 jours d’interminables lignes droites toutes plates de l’altiplano pour atteindre Uyuni, ou une bonne bière nous attend. 🙂
Trop classes ! Des bisous de passy romain claire et Lilou lol
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Bravo les artistes ! Belle motivation pour l aller-retour dans la neige. Nous on en a chié avec le char pour arriver jusqu’à la Laguna Hedionda, mais ça valait la peine ! On espère qu’Uyuni s’est bien passé et que vous en avez pris plein la vue… On verra sûrement ça dans le prochaine article !
Bonne route de la part d Alex et Tom, d’entre la vallée de las Piedras et villa Alota
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