Cochrane – Puerto Rio Tranquillo

Le beau temps arrive, enfin, les paysages se dévoilent, changent vite, un bonheur après le climat et la monotonie de la pampa. Nos rituels du soir changent aussi; plutôt que de se dépêcher à monter la tente pour se mettre à l’abri, on profite de l’absence de vent et du soleil pour se faire du feu et de l’eau chaude avec la petite bouilloire ventrue qui vient s’ajouter sur notre chargement qui semble toujours grossir.
L’eau est omniprésente et fait la beauté des paysages, les gorges dans lesquelles s’écoulent les eaux turquoise clair, opaques, du Rio Baker, le confluent de cette riviére, en amont d’un bleu vif, limpide, et d’une autre chargée des limons laiteux des glaciers, où les couleurs se mélangent et donnent ce bleu clair au Rio Baker; le lago Bertrand, bleu vif lui aussi, entouré de montagnes toutes avec leur petit glacier; le Lago General Carrera, immense, bleu laiteux; le Lago Leones, magnifique avec les sommets recouverts de glaciers du Campo de Hielo Norte qui descendent jusque dans le lac, bien caché tout au bout de 20km de piste sableuse et de 10km de sentier. Un peu difficile d’accès, la vallée, tout comme la plupart des terres, est complétement privée et les propriétaires n’ont pas l’air trop enthousiasmés par les touristes venus admirer les montagnes; pas de camping possible, on a demandé dans une petite ferme pour passer la nuit; vivant bien loin de la première épicerie, ils doivent produire une bonne partie de ce qu’ils mangent, dont du pain et du fromage qu’on était bien contents de trouver.
Les premières réparations un peu sérieuses arrivent avec le 2000éme kilomètre, un maillon de chaine, un pneu éventré avec la chambre à air qui ressort comme un furoncle; un bout de chambre à air de camion récupéré sur la route il y a un moment, un peu de scotch, un peu de « y-faut-que-ca-tienne-parce-que-sur-cette-piste-ya-pas-moyen-de-faire-du-stop » et nous voilà à Puerto Rio Tranquillo, où on a heureusement pu trouver un autre pneu.