Une petite pluie pour repartir, elle nous suit pendant quelques kilomètres puis laisse place au vent, de face, pour changer.
La pampa se révèle doucement à qui en prend le temps, justement, on ne va pas bien vite. Quelques fleurs discrètes aux couleurs pourtant riches, les tiges rougeâtres des pissenlits, les graines pourpres des rhumex qui contrastent avec les bleus et les ocres, immenses, les buissons torturés par le vent, les oiseaux de toutes tailles et de toutes couleurs qui dansent entre les bourrasques qui emportent leurs cris, l’herbe déjà toute sèche et dorée qui ondule en brillant dans la lumière aveuglante, jusqu’à ce que les nuages aux formes tantôt rondouillardes tantôt linéaires viennent masquer le soleil et créer des jeux d’ombres et de lumières dans la plaine, faisant ressortir le moindre relief. La route longe la côte, des enclos pleins d’autruches, des lacs plein de flamants roses, de temps à autre on croise un abribus comme sorti d’un autre monde, bien propret avec son petit lampadaire.
Le vent se lève sans qu’on n’y fasse vraiment attention, mais prend vite toute la place, nous pousse sur les bas côtés tout en graviers très mous et très raides, nous fait dévier, chaque mètre gagné coûte cher, et les chiliens ont l’habitude cruelle de baliser leurs enclos tous les 20 mètres. Mouliner dans les montées, soit; mouliner sur le plat, avec un vélo si lourd, ça démoralise mais on s’y fait; mais mouliner dans les descentes et être toujours aussi scotchés??? C’est sûr que c’est plus facile d’exporter par ici le Dakar que le Tour de France…
On fini par arriver dans le village de Rio Verde, celui vers qui tous les abris-bus hors du temps mènent. Le village, juste quelques maisons, ressemble à une version Disneyland de la Suisse; ça sera parfait pour camper à l’abri du vent.
La route nous mène de plus en plus près des montagnes, les nuages qu’on voyait au loin révèlent des angles un peu trop pointus, au détour d’un virage on a enfin une première vue sur les Andes… on espère maintenant pouvoir aller faire un tour dans le Parc Torres del Paine, si la surfréquentation le permet.
Cela fait rêver de voir que en dépit de tous les aléas,la vie est encore là ne demandant que à s’exprimer.
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